mardi 19 février 2008

Mémoire sur le RVQ 1346



Mémoire sur les impacts de R.V.Q. 1346, visant à sortir du PAE la section à lotir autour de la rivière des Roches

Présenté par le Comité d'arbres de Charlesbourg au Conseil de Ville de Québec dans le cadre de la consultation publique le 18 février 2008

Le Comité d'arbres de Charlesbourg

(je ne répéterai pas, vous pouvez la trouver ici)

Introduction

Dans le cadre du PAE, on se prépare à remplir toutes les zones de lotissement potentiel de Charlesbourg d'ici l'an prochain, très rapidement. Une des raisons qui semble évidente est l'apport d'environ 1500 nouvelles habitations : 3 000 000 $ de revenus stables plus 1500 comptes de taxes de bienvenue. Un tel revenu permettrait d'éviter une augmentation excessive des taxes aux autres contribuables, dans les années à venir, avec la fusion des services et les coûts afférents.

Cet avantage dans l'immédiat ne tient cependant pas compte des répercussions à moyen terme :

- L'impact sur le réseau routier

- L'impact sur le bassin versant suite au déboisement.

- L'impact d’une construction en masse sur les valeurs immobilières dans le contexte actuel de ralentissement inévitable.

Dans le cadre de la consultation sur le présent règlement, le Comité d'arbres de Charlesbourg demande :

· un moratoire sur l'abattage à blanc des arbres dans tous les projets de construction en forêt urbaine, donc celui touché par R.V.Q. 1346;

· un plafond à la densité dans cette zone de forêt urbaine;

· et l'examen d'un professionnel, selon les disposition de la Loi sur la qualité de l’environnement concernant les milieux humidesF[1]F, de la zone humide dans la section du PDAD que l'on veut exclure à l'aide de R.V.Q. 1346.

Les motivations de ces trois demandes nécessitent un bref survol de la situation dans la région.


[1] On peut trouver un résumé de ces dispositions sur le site de l'APCHQ au lien suivant : HUhttp://www.apchq.com/prod/portail.nsf/(alias)/25evemilhum2UH .


Situation urbaine dans le nord de Charlesbourg

Présentement, la pression sur le réseau routier est à son maximum. On prolonge un artère comme Robert-Bourassa, mais on ajoute des centaines de nouveaux foyers autour.



Figure 1 - Rue de la Colline l'automne passée, rue résidentielle connectrice vers Robert-Bourassa, à mi-chemin entre le corridor des Cheminots et le boulevard de la Faune.

(On voit le feu de circulation vert et les feux arrière des automobiles indiquent l'arrêt.)

On élargit un axe nord-sud, mais le développement de nouveaux quartiers au nord bloquent l'autoroute jusqu'à Lac-Beauport.

Figure 2 – Autoroute Laurentienne, dans la sortie de la Faune, à 7 h 20 en janvier 2008.

(On voit la lumière des freins qui indique l'arrêt, on voit ces lumières jusqu'à l'autre montée de relief qui est la sortie Jean-Talon.)

En remplissant les lotissements potentiels, on ajoute encore plus de pression sur le réseau routier. La pollution augmente, sans compter les îlots thermiques créés par la déforestation.

De plus, quand il tombe 15 centimètres de neige à Québec, à Notre-Dame-des-Laurentides, il en tombe 20 ou 25 centimètres. Les lots de 300 mètres ne peuvent accueillir la neige soufflée autant, et dans le nord la situation devient cauchemardesque.


Figure 3 – Un hiver dans le nord de Charlesbourg, pour un quartier de jumelés.

Le bassin versant et le déboisement

Déboiser crée des îlots thermiques, affecte le climat local, crée des sources de grands vents, accélérant l'érosion en attendant que les petits arbres replantés deviennent matures.

En outre, le ruissellement des montagnes sera modifié. Vous trouverez en annexe la lettre écrite à monsieur Labeaume à ce sujet dans le Soleil le 13 décembre 2007. L'eau claire et potable venant des montagnes coulera sur les nouvelles rues - en pente - et les pelouses traitées au phosphore, apportant de la pollution chimique et plus de sédiments dans les rivières plus bas. Les arbres, l'humus, les tourbières, les divers milieux humides permettent normalement d'absorber, de filtrer cette eau et la ralentir.


Figure 4 - Kalmia poussant dans un milieux humide dans la zone visée par R.V.Q. 1346.

Sur les berges de la rivière des Roches, on retrouve un petit milieu humide. Les plans de construction sont très près de cette zone qui contient des plantes fragiles et une végétation dont la capacité d'absorption ferait l'envie des urbanistes et leurs bassins de rétention : Les milieux humides recouvrant un sol poreux peuvent remettre en solution jusqu’à 153 186 litres l’hectare, par jour, dans les eaux souterraines. Ils ont une capacité de rétention du phosphore allant jusqu'à 94 %F[1]F. Cette éponge gratuite n'aurait besoin que d'une petite zone tampon pour apporter un avantage net contre la crue au printemps. Selon les dispositions de la Loi sur la qualité de l’environnement concernant les milieux humides, la zone doit être inspectée par un spécialiste. Il ne faut cependant pas les utiliser comme dépotoir pour les eaux usées.

La rivière des Roches se déverse dans la rivière du Berger, tout comme la rivière des Sept ponts, autour de laquelle de la construction intense est également planifiée. On a malheureusement rasé à blanc de la forêt pour construire la Seigneurie St-Émile, dans le secteur Geoges-Muir, un secteur tout près de l'autoroute de surcroît où la forêt est un pare-bruit, pare-vent et pare-poussière. La dimension des terrains planifiés ne le justifie pas, il s'agit de terrain de 560 mètres carrés (6000 pieds carrés) et plus.

En rasant la forêt, on se retrouve avec des problèmes potentiels d'inondation, comme on l'a vu en 2005 pour la rivière de la Lorette. Tous les bassins de rétentions ne valent pas quelques arbres matures aborigènes, laissés en fond de terrain, en cour latérale et en avant. On peut construire en harmonie avec le couvert forestier, en donnant des outils au Service de l'environnement, comme l'abolition de la coupe à blanc en forêt urbaine. Une lettre de Jean Bousquet a été publiée à ce sujet, dans Le Soleil du 13 novembre 2007. Vous la trouverez en annexe à ce document.

Je vous invite également à lire les mémoires écrits dans le cadre des consultations pour le règlement sur l'abattage des arbres, à l'automne 2007. Ces mémoires ont été rédigés par des Conseils de quartier, des citoyens regroupés en comité (Comité d'arbres de Charlesbourg), et des spécialistes tels que Jean Lamontagne, Suzanne Hardy et Jean Bousquet (HUhttp://www.ville.quebec.qc.ca/fr/organisation/consultation_abattage_arbres.shtmlUH). Ces mémoires reflètent des inquiétudes qui prennent de l'ampleur, à l'heure où des centaines de scientifiques s'unissent pour nous mettre en garde que nous devons penser à long terme.

7BEndetter des jeunes familles à l'aube d'un ralentissement économique ?

Quand nos voisins du Sud toussent, nous avons le rhume. Il suffit de lire l'article d'Éric Desrosiers dans le Devoir du 26 janvierF[2]F, simplement intitulé Atchoum ! pour comprendre que malgré la force de notre dollars, nous sommes influencés par les aléas économiques de notre voisin envahissant, présentement dans une crise immobilière. Toutes les compagnies reliées au matériel de construction ici au Canada révisent leur chiffres en baisse pour 2008. Desjardins évaluait la possibilité d'une récession encore à 40 % en décembre 2007, ces chiffres demeurent dans une publication en janvierF[3]F. Éventuellement nous seront touchés. Cette crise a été provoquée par de trop nombreux prêts à risque. Sommes-nous obligés de les imiter ?

Des jeunes familles s'endettent de 200000 $ sur une période de 30 et 35 ans. Que ferons-nous quand cette baisse gagnera notre région, augmentant les taux d'intérêt et baissant les valeurs immobilières ? Les condominiums en Floride sont de plus en plus abordable par les temps qui courent. Pourquoi construire aussi rapidement maintenant ? On peut amortir l'effet de vague de nos voisins du Sud en construisant de manière plus pondérée.

3BConclusion

Selon un article d'Éric Moreault dans Le SoleilF[4]F, Seattle, la ville de Jimi Hendrix et de Nirvana exige pour délivrer un permis de construction ou de rénovation dans le centre-ville que le projet soit LEED. Elle compte tripler son nombre d’arbres d’ici 2030. Son maire, Greg Nickels, est à l’origine du mouvement des quelque 500 villes américaines qui tentent de respecter l’objectif de réduction de gaz à effet de serre du Protocole de Kyoto. Toujours dans le même article, « On dit toujours qu’on ne va pas assez vite, mais depuis 10, 15 ans, on a fait des pas importants », souligne Michel Lagacé, directeur du service de l’environnement.

Le Comité d'arbres de Charlesbourg croit qu'il faut maintenant donner des bottes de sept lieues au Service d'environnement. Et c'est dans ce contexte que nous demandons 3 choses pour R.V.Q 1346 et les autres projets visant à sortir des forêts urbaines pour construire :

· un moratoire sur l'abattage à blanc des arbres dans tous les projets de construction en forêt urbaine, donc celui touché par R.V.Q. 1346;

· un plafond à la densité dans cette zone de forêt urbaine;

· et l'examen d'un professionnel, selon les dispositions de la Loi sur la qualité de l’environnement concernant les milieux humidesF[5]F, de la zone humide dans la section du PDAD que l'on veut exclure à l'aide de R.V.Q. 1346.


[1] Les valeurs de la nature—l’importance des pratiques de conservation des milieux humides et des terres hautes dans la gestion des bassins hydrographiques, chapitre 6 : Les milieux humides. Canards Illimités Canada, avril 2006 (HUhttp://www.ducks.ca/fr/conservation/milieux_humides/pdf/nv6_mh.pdfUH )

[2] Atchoum ! Quand les États-Unis éternuent, tout le monde attrape le rhume, édition du 26 et 27 janvier 2008 du Devoir de Montréal (HUhttp://www.ledevoir.com/2008/01/26/173395.htmlUH).

[3] Point de vue économique, numéro du 15 janvier 2008, par Desjardins Études économiques, http://www.desjardins.com/fr/a_propos/etudes_economiques/actualites/point_vue_economique/pve80115.pdf

[4]Le Soleil de Québec, Samedi 24 novembre 2007, Grands Dossiers, Des villes inspirantes, par Éric Moreault.

[5] On peut trouver un résumé de ces dispositions sur le site de l'APCHQ au lien suivant : HUhttp://www.apchq.com/prod/portail.nsf/(alias)/25evemilhum2UH .


En annexe:

Lettre à Régis Labeaume le 13 décembre 2007 dans le Soleil de Québec

4 commentaires:

Anonyme a dit…
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Unknown a dit…

Excellent travail Johanne!

Anonyme a dit…

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