jeudi 29 janvier 2009

Commentaires du Comité d'arbres au sujet de RVQ1400


26 janvier 2009

Rédaction : Johanne Lavallée, fondatrice du Comité d'arbres de Charlesbourg







Introduction

Le Comité d'arbres de Charlesbourg est composé de citoyens et d'experts qui sont concernés par le futur des forêts urbaines de Charlesbourg. Les citoyens qui ont l'environnement à cœur sont simplement des personnes qui sont inquiètes au sujet du futur. Ce sont des personnes qui désirent que l'on laisse aux générations futures l'endroit sain auquel ils ont droit. Il est possible d'y arriver si les intervenants à tous les niveaux collaborent : les villes, les gouvernements, les compagnies et les citoyens.


Interrogés dans le cadre d’une vaste enquête, 90% des scientifiques croient que la planète se réchauffe depuis plus de 200 ans. (22 janvier dans la revue scientifique Eos, Transactions, American Geophysical Union).


Intrigué et intéressé par la démarche du Comité d'arbres, un historien de la forêt a été visiter l'un des boisés du nord de Charlesbourg ou se situe le futur parc du gros pin et du mélèzain, voici ses impressions :

J'ai visité le grand pin blanc de la rue des Agniers, qui est en effet un arbre remarquable par sa dimension évidemment, mais aussi en raison de sa survivance dans un environnement austère. J'appuie personnellement ta démarche à titre d'historien spécialisé dans le domaine forestier au Québec. Ces spécimens uniques sont des phares dans la ville, qui doivent guider notre conduite au travers des récifs de l'économie urbaine qui cherche la croissance à tout prix au détriment de la qualité de vie. Une ville qui ne s'engage pas à protéger ces arbres uniques serait comme une société qui ne s'engage pas à protéger ses personnes âgées. Contrairement à ce que plusieurs peuvent croire, la déforestation est un phénomène typiquement urbain. Une coupe forestière dans le nord du Québec ne sera pas remplacée par un écoumène, mais par d'autres arbres, par un autre écosystème. Toutefois, dans une ville, la coupe est invariablement remplacée par le macadam et le béton. L'étalement urbain est, à mon sens, un problème majeur dans la question environnementale, et la protection de ses phares et de leur environnement proche est une lutte qui doit être soutenue par tous ceux qui prétendent vouloir vivre dans un environnement durable. - Patrick Blanchet, historien, 25 janvier 2009

Tous les experts que nous avons réussi à faire venir sur le terrain sont surpris par la qualité des boisés que l'on destine à des projets. Leurs commentaires nous ont confirmé que notre démarche allait bien plus loin que du pas dans ma cour.


Nous avons donc deux recommandations à formuler et nous voulons apporter notre appui à deux groupes citoyens.


Recommandations et appuis


Recommandation sur l'article 322

Cette recommandation a reçu officiellement l'appui de l'AFQM (Association forestière du Québec métropolitain). Nous croyons sincèrement que c'est envisageable et quand nous regardons les autres villes autour de nous, cette recommandation semble un minimum et nous désirons voir notre ville être avant-gardiste dans ses pratiques en développement durables.

Cette recommandation qui est la plus importante pour le Comité d'arbres de Charlesbourg vise à mettre un terme une bonne foi pour toute la déforestation urbaine. Nous demandons que l'article 322 du règlement cadre RVQ 1400 soit appliqué systématiquement dans les projets de construction en forêt urbaine et je cite l'article :

322. Lorsque la mention « Lot affecté à l'habitation et protection d'espaces boisés - article 322 » est inscrite sur la ligne intitulée « Dispositions particulières » de la section intitulée « Normes de lotissement » de la grille de spécifications, un lot sur lequel un usage de la classe Habitation est autorisé doit respecter les dimensions suivantes :
1º une superficie minimale de 600 mètres carrés;
2º une profondeur minimale de 40 mètres.
Aux fins du paragraphe 2° du premier alinéa, la profondeur d'un lot se calcule perpendiculairement à partir du centre d'une ligne avant de lot, jusqu'à son point le plus éloigné.

Si l'on applique cet article dans les lots boisés et qu'il figure dans « Dispositions particulières », on doit alors appliquer l'article 698 du chapitre 14 sur la forêt, qui préserve un montant minimal de boisé sur le lot. Puisqu'il est maintenant dans les pratiques d'enfouir les fils à l'avant des lots, il devient maintenant possible de garder les quantités exigées par l'article 698. De telles mesures fournissent une belle intimité aux propriétaires et une protection contre l'érosion qui est maintenant nécessaire car nous en sommes maintenant à construire très souvent dans des secteurs en pente.


Recommandation sur l'article 703

Cette demande est très raisonnable, et même qu'en cherchant des appuis j'ai eu des commentaires de mes amis experts que ce que je demandais était bien peu :

Parlant d’une autre clause qui existe pour protéger bien qu’imparfaitement le patrimoine arboricole en place mais cette fois sur les terrains lôtis, et qui n’est appliqué que dans les arrondissements Laurentien, La Cité et Limoilou, mais pas dans les arrondissements Ste-Foy-Sillery, Charlesbourg et Beauport (et les autres), c’est la clause 703 de protection des arbres en milieu urbain, et qui stipule d’un nombre minimum d’arbres doit être conservé sur chaque lot en marges latérales ou arrière, avec des détails sur comment estimer ce nombre minimal. La clause n’est pas très sévère car elle résulte en la protection de facto d’un arbre en marges latérales ou arrière par lot moyen, mais c’est mieux que rien. Toutes les grilles de spécifications comportent cette clause dans les trois arrondissements Laurentien, La Cité, Limoilou, mais aucune des grilles des autres arrondissements ne comporte cette clause dans les “autres dispositions particulières”, simplement p.c.q. on veut encore permettre aux constructeurs de tout couper lors des démolitions-reconstructions ou des projets d’agrandissement ou de piscine, ou pour permettre des emprises au sol des nouveaux bâtiments à la limite des marges permises. Cela est d’autant plus déplorable que tous les arrondissements sauf La Cité et Limoilou voulaient limiter l’application du règlement d’abattage qu’aux marges avant, comme c’est le cas actuellement.

Dans le cas que vous soulignez ci-bas (clause 322) comme dans le cas ci-haut de la clause 703, non seulement les clauses présentées sont relativement peu sévères mais en plus, elles ne sont même pas appliquées dans les grilles de spécification de plusieurs arrondissements, donc on dit uniformiser la règlementation d’un côté et on désuniformise par le bas au niveau de leur application, i.e. on suspend l’application des règles gênantes. Jean Bousquet, professeur en foresterie à l'université de Laval, 23 janvier 2009

Puisque les représentations du Comité d'arbres visent à préserver les boisés urbains, nous appuyons l'énoncé de monsieur Bousquet, dont la réputation n'est plus à faire.


Appui au Conseil de quartier de Sillery

Le Comité d'arbres appuie le Conseil de quartier de Sillery dans l'énoncé qui suit :

1.Le CQS demande de protéger l'une des caractéristiques et l'une des richesses les plus précieuses du quartier, soit la conservation de son patrimoine arboricole comme vecteur du développement durable. (Se référer au mémoire déposé au Conseil d'arrondissement et au Conseil de Ville le 30 octobre 2007). Pour ce faire, nous demandons de maintenir l'ancien règlement de Sillery ou reprendre la même règlementation que celle adoptée par les arrondissements de la Cité et de Limoilou;

Appui du groupe Aux arbres citoyens et de leur pétition

Le Comité d'arbres de Charlesbourg appuie unanimement la pétition de 300 noms des citoyens du quartier Bon-Pasteur, qui déposeront le document dans le cadre de la consultation d'aujourd'hui. C'est dans notre mission de donner plus de poids aux citoyens vis-à-vis l'entrepreneur. L'histoire de Notre-Dame-des-Laurentides tourne autour des Sœurs du Bon-Pasteur et le boisé que l'on appelle le boisé des sœurs est riche en faune et flore. Il profite à toute la communauté et c'est dans cet esprit que ces terres, données par Georges Muir aux sœurs doivent continuer de bénéficier à tous (voir annexe 1 pour l'historique). Ce secteur est en pente et imbibé d'eau, il longe l'autoroute et sans le boisé, les camions qui rétrograde dans la longue pente vers la sortie Bernier se feront clairement entendre de ses habitants. Sans compter le stress qui s'ajoutera à la rivière du Berger si l'on poursuit l'imperméabilisation en tête de bassin versant.


Conclusion

Le nouveau règlement cadre RVQ 1400 qui inclut maintenant la forêt urbaine est un document très important et dans son élaboration, l'implication des citoyens a été sollicitée. Cette démarche est appréciée et c'est pourquoi nous apportons notre contribution par ce document. Nous vivrons avec RVQ 1400 longtemps et c'est pourquoi nous demandons à la Ville de Québec d'être avant-gardiste.

L'appui de l'AFQM concernant la demande sur l'article 233 est significatif pour notre Comité et démontre que notre demande est importante, sérieuse et réaliste.


Annexe 1 – L'histoire de Georges Muir et des Soeurs du Bon-Pasteur

Source : Le site de la ville de Québec, répertoire de toponymie. http://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/george_muir.shtml

George Manly Muir (1807-1882) est né à Amherstburg, dans le sud-ouest de l'Ontario, d'une mère québécoise catholique et d'un père protestant. Sous l'influence maternelle, il se convertit au catholicisme à l'âge de 12 ans. Après avoir été formé chez les Sulpiciens à Montréal, il entreprend des études de droit en 1825 et est admis au Barreau en 1830. Muir, qui réside à Québec avec son épouse, Sophia Melvin Place (1801-1895), est le premier à occuper le poste de greffier de l'Assemblée législative du Québec au lendemain de la Confédération, en 1867; il exercera cette fonction jusqu'en 1878. Homme d'une foi généreuse, il se préoccupe du sort des plus démunis. Avec son épouse, il crée plusieurs organismes d'aide comme la Société Saint-Vincent-de-Paul et l'œuvre du Bon-Pasteur, pour laquelle il est bientôt secondé par Marie Fitzbach (1806-1885). Cette œuvre donne naissance, en 1856, à la congrégation des Sœurs Servantes du Cœur Immaculé de Marie, mieux connues sous le nom de Sœurs du Bon-Pasteur. Les Muir ont l'habitude de passer l'été dans leur villa du rang Saint-Pierre, comme on appelait alors le secteur sud de Notre-Dame-des-Laurentides. Constatant que la localité ne dispose ni d'école ni de lieu de culte, Muir achète un terrain et y fait construire un couvent (1871), qu'il confie aux Sœurs du Bon-Pasteur, puis une chapelle dédiée à Notre-Dame des Laurentides (1876). C'est par ce nom qu'on désignera plus tard la paroisse (1909) et son église. George Muir est fait chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand par le pape Pie lX. Il est mort à Québec et a été inhumé dans l'église de Saint-Charles-Borromée.


Anciens toponymes

Dans les dernières décennies du 19e siècle, la rue George-Muir était connue sous le nom de route des Dames, allusion aux Sœurs du Bon-Pasteur dont le couvent (1871) se situait à proximité. On lui a donné ensuite le nom d'avenue Saint-Georges, en l'honneur de George Manly Muir, puis celui de rue Georges-Muir, adopté probablement vers 1965. Le toponyme a été modifié en 2004 pour le rendre conforme à la graphie officielle.

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