Fraîcheur verte
12 avril, Éric Moreault, Le Soleil, Québec
La protection des espaces verts en milieu urbain n’est pas qu’une lubie environnementale ou un prétexte esthétique. Il s’agit aussi d’une nécessité de santé publique, car ceux-ci aident à diminuer la température des villes et à prévenir la mortalité liée à la chaleur excessive.
Une étude sur 20 ans des épisodes de canicule, réalisée par la Direction de santé publique (DSP) de Montréal, révèle que le nombre quotidien de morts passe d’une quarantaine à une centaine. «Des décès qui auraient pu être évités», estime Norman King, épidémiologiste à la DSP, qui dévoilait ces résultats hier à une conférence organisée par le Conseil régional de l’environnement de Québec.
La vague de chaleur qui avait emporté plus de 15 000 personnes en France, en 2003, est un bon exemple de ce qui pourrait se produire si les gouvernements, surtout municipaux, n’agissent pas. «On n’en est pas encore là au Québec, mais les projections (urbanisation massive et changements climatiques) indiquent qu’on s’en va vers ça», explique M. King.
La minéralisation des villes (asphalte, brique, goudron) fait que les températures ont tendance à y être plus élevées de 2 à 8 °C qu’à la campagne. Qui plus est, le développement résidentiel et industriel rogne sans cesse les espaces verts. À Montréal, par exemple, 80 % de la surface du territoire est construite ou asphaltée. Depuis 1986, la perte d’espaces naturels est d’environ 3000 hectares, soit 14 fois le parc du Mont-Royal.
Sans parler de la pollution liée aux transports (GES et autres) et de la chaleur qui s’en dégage. Tout cela contribue à la création de ce qu’on appelle les îlots de chaleur. Dans la métropole, ces îlots représentent de 10 % à 15 % du territoire. D’ici à une trentaine d’années, la proportion pourrait atteindre 50 %.
Or, les journées chaudes, le risque de mortalité est plus élevé dans les secteurs où la température de surface est plus élevée comparativement aux secteurs plus frais — près d’un parc, par exemple. La différence peut parfois atteindre 10 °C et même plus à proximité d’un secteur industriel.
La DSP travaille à des campagnes d’information pour les jeunes enfants (zéro à quatre ans) et les personnes âgées, qui sont les plus à risque. «C’est correct, mais pas suffisant, estime M. King. Il faut aussi agir sur l’environnement pour éviter de passer notre temps à intervenir sur le terrain.»
Ce qui veut dire reverdir les quartiers et protéger les espaces verts. La plantation d’arbres et d’arbustes crée de l’ombre et abaisse la température de l’air, en plus de purifier l’air, d’atténuer le bruit ambiant et d’absorber en partie l’eau de pluie. Mais il faut aussi favoriser la réduction de la circulation et l’utilisation de matériaux réfléchissants de couleur pâle, qui reflètent les rayons du soleil.
Autrement dit, que les villes adoptent de réels plans stratégiques en développement durable.
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